Le curé était un notable Un presbytère témoin dans le Haut-Doubs
À Remoray-Boujeons, dans le Haut-Doubs, la maison du curé témoigne d’une époque révolue où chaque village avait son abbé.
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Dans la belle et solide demeure en pierre accolée à l’église de Remoray-Boujeons (Doubs), le mobilier du XIXe siècle, les objets du quotidien, civils et liturgiques, parlent d’un temps où le curé était une figure incontournable de la communauté rurale. En particulier dans des régions comme le Haut-Doubs, profondément catholique. « Pendant trois siècles, entre le XVIIe et le début du XXe siècle, chaque village avait son curé », rappelle Philippe Robbe, dans la revue régionale Racines (1). « Le presbytère servait de logement de fonction au prêtre et à sa servante, mais aussi de salle de catéchisme, voire parfois de logement pour les religieuses. »
Maison du patrimoine
À Remoray-Boujeons, le presbytère est resté dans son jus. Dans la salle à manger, la table recouverte d’une nappe blanche attend des visiteurs. Le décor de la pièce et la vaisselle raffinée rappellent que le curé était un notable. « C’est l’une des rares personnes à avoir bénéficié d’une instruction, pointe Philippe Robbe. Son rôle ne se limite pas aux seules tâches religieuses. Il est aussi le conseiller, le dispensateur de soins, le gardien vigilant de la moralité qui marque de son autorité des générations de paroissiens. »
La cuisine est le royaume de la bonne ou gouvernante. Souvent parente du curé, cette servante modèle est généralement une célibataire. Elle est parfois source de rumeurs si elle n’a pas « l’âge canonique » (40 ans). Avec sa position stable, parfois légataire du curé dans son testament, elle peut être aussi source de jalousie. Une fonction pas facile…
Depuis la mort de l’abbé Berthelot en 1968, la paroisse a été intégrée au sein d’un vaste territoire. Il n’y a plus ni curé ni bonne à demeure au village. Le presbytère, propriété communale, s’est trouvé une autre vocation. Maison du patrimoine, il a été ouvert au public en 2015. Lors de sa rénovation par une association locale (2), un papier peint en camaïeu vert, panoramique, rare et mystérieux, a été découvert à l’étage. Classé monument historique en 2002, il était posé sur les murs de la chambre d’apparat, lieu de réception des hôtes de marque. Il propose une réflexion sur l’humanité.
Anne Bréhier
1. Une publication de l’association Labergement-évolution.
2. L’Association de préservation du patrimoine local.
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